Silicon Censure. On est vendredi matin, tu scrolles tranquillement sur Instagram, réseau social chouchou des artistes, et là, tu t'aperçois que justement, tu ne les vois pas, tes artistes chéris. Ô rage, ô désespoir, ô censure ennemie ?
La règle : censée n'être ouverte qu’aux +13 ans, la plateforme suit la loi et interdit l’incitation à la haine, le harcèlement, etc. et se réserve le droit de "contrôler les contenus sensibles". Insta les définit comme "des publications qui ne vont pas nécessairement à l’encontre de nos règles, mais qui risquent de déranger certains utilisateurs". Sauf que "déranger"+ art = ❤️.
Le problème, c'est qu'Insta peut donc punir aveuglément en se fiant aux signalements parfois abusifs de quelques utilisateurs. Nudité, sujets polémiques, usage de certains #, la punition va du shadowban, qui réduit considérablement la portée des posts, à la suppression du post, ou encore à la privation de certaines fonctionnalités. Le bédéiste Joann Sfar en a fait les frais dans sa lutte contre l’antisémitisme, l’artiste Jade Vergnes dans son combat climatique aussi, et même des chefs-d'œuvre classiques. Le problème, c’est l’opacité et le côté arbitraire du process.
Niveau solution, c'est pas top : les plus courageuses continuent à poster et dénoncer, parfois floutent, ou s’autocensurent. Et la démocratie dans tout ça ? Le Règlement sur les services numériques (Digital Service Act) voté la semaine dernière à Bruxelles vise à nous protéger contre les dérives graves et violentes, et oblige les plateformes à retirer "promptement" les contenus "illicites"- comprendre : interdits par la loi... ou la morale ; ce qui pourrait ne pas arranger les artistes.