Le gazoduc North Stream II

Le gazoduc russe North Stream II est terminé.

Energie
Par
L'équipe Voxe
Le
1/10/21

🗞 GO BIG OR GO HOME

Ce qu'il se passe.
Après 3 ans de battle, le dernier gazoduc russe est terminé.

Rembobine Éponine, was ist das ?
Il s’appelle North Stream II, et son histoire est digne d’un James Bond. Ce pipeline - tuyau transportant du gaz - va relier un gisement russe à l’Allemagne et va permettre de doubler les livraisons de gaz russe vers l’Europe. Même s’il y a encore des étapes avant sa mise en service, les travaux sont terminés depuis quelques jours, après 3 ans de battle diplomatique.

Raconte.
D’abord, il faut que tu t’imagines le bouzin : 1 230 kilomètres de tuyaux terrestres et sous-marins, en carte ici, qui vont permettre de livrer 110 milliards de tonnes de gaz par an, vs 55 aujourd’hui. C’est 2,5 fois la conso annuelle de la France, just sayin’. Sa construction a coûté 9,5 milliards d’€, financée à moitié par Gazprom, l’énergéticien russe, l’autre par 5 entreprises européennes. But il appartient à 100% aux Russes.

Mais il plaît pas à tout le monde non ?
Exactement, y a plusieurs niveaux de brouille. 1/ La battle US-Russie : les US ont longtemps bloqué le chantier - en distribuant des amendes aux entreprises bossant dessus par ex - parce qu’ils voulaient que nous, Européens, achetions leur gaz. Puis, avec l’arrivée de Biden en janvier 2020, ils ont changé d’avis, estimant qu’il était trop tard et qu’il valait mieux perdre des pépettes mais s’assurer le soutien de l’Allemagne sur d’autres sujets, notamment pour peser face à la Chine.

D'ac, car l'Allemagne soutient le projet ?
Yes, c’est le second niveau de brouille : la fâcherie européenne. L’Allemagne est pour, parce que depuis qu’elle a renoncé au nucléaire, elle a besoin de gaz. Mais l’Ukraine est très remontée car l’arrivée de North Stream II menace son propre pipeline, par lequel transite aujourd’hui en partie le gaz russe qui va en Europe (et donc les pépettes associées, soit 2 milliards $ de revenus annuels), mais elle menace aussi sa sécurité. Sécurité parce que la Russie pourrait l’envahir pépouze puisqu’elle ne dépendrait plus de ses infrastructures pour fournir son gaz aux Européens.

Wow, d'accord, continue.
Et il y a un historique. Trois fois déjà, en 2005, 2007, et 2008, lors de conflits liés au gaz entre la Russie et l’Ukraine, des centaines d’usines et des millions de personnes en Europe ont été privées de chauffage quand la Russie a coupé les robinets. Ça + des infrastructures russes par ailleurs vieillissantes, ça interroge sur la fiabilité du gaz russe.

Parce qu'on est vraiment dépendant ?
La Russie, c’est 40% des importations de gaz de l’Union européenne et donc notre 1er fournisseur. Et ça ne devrait pas s’arranger avec la hausse de notre conso et l’épuisement de nos gisements. Côté France, notre 1er fournisseur est la Norvège (36%), puis la Russie (20%), et les Pays-Bas (8%). Donc, oui, on peut dire qu’on est assez dépendant de la Russie. Mais pour les écolos, c’est pas le seul enjeu.

Ah oui, ça pèse écologiquement ?
C’est ça, les écologistes dénoncent le poids carbone du projet. Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project, a fait le calcul : North Stream II, c’est 250 millions de tonnes de CO2 émises par an, soit la moitié des émissions domestiques de la France. Ça interroge quand l’Europe veut être neutre en carbone en 2050.

Quand même ! Et c'est quoi les next steps ?
Maintenant que les travaux sont terminés, la dernière étape avant la mise en service, c’est sa certification par les autorités allemandes. Mais ça peut prendre un moment car l’Allemagne est en pleine négo pour son prochain gouvernement depuis les élections fédérales du week-end dernier. Les écologistes arrivés en 3e position y étant opposés, si at the end, ils font partie du gouv, il se pourrait que l’avenir de North Stream II soit compromis.

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Ce qu'il se passe.
Après 3 ans de battle, le dernier gazoduc russe est terminé.

Rembobine Éponine, was ist das ?
Il s’appelle North Stream II, et son histoire est digne d’un James Bond. Ce pipeline - tuyau transportant du gaz - va relier un gisement russe à l’Allemagne et va permettre de doubler les livraisons de gaz russe vers l’Europe. Même s’il y a encore des étapes avant sa mise en service, les travaux sont terminés depuis quelques jours, après 3 ans de battle diplomatique.

Raconte.
D’abord, il faut que tu t’imagines le bouzin : 1 230 kilomètres de tuyaux terrestres et sous-marins, en carte ici, qui vont permettre de livrer 110 milliards de tonnes de gaz par an, vs 55 aujourd’hui. C’est 2,5 fois la conso annuelle de la France, just sayin’. Sa construction a coûté 9,5 milliards d’€, financée à moitié par Gazprom, l’énergéticien russe, l’autre par 5 entreprises européennes. But il appartient à 100% aux Russes.

Mais il plaît pas à tout le monde non ?
Exactement, y a plusieurs niveaux de brouille. 1/ La battle US-Russie : les US ont longtemps bloqué le chantier - en distribuant des amendes aux entreprises bossant dessus par ex - parce qu’ils voulaient que nous, Européens, achetions leur gaz. Puis, avec l’arrivée de Biden en janvier 2020, ils ont changé d’avis, estimant qu’il était trop tard et qu’il valait mieux perdre des pépettes mais s’assurer le soutien de l’Allemagne sur d’autres sujets, notamment pour peser face à la Chine.

D'ac, car l'Allemagne soutient le projet ?
Yes, c’est le second niveau de brouille : la fâcherie européenne. L’Allemagne est pour, parce que depuis qu’elle a renoncé au nucléaire, elle a besoin de gaz. Mais l’Ukraine est très remontée car l’arrivée de North Stream II menace son propre pipeline, par lequel transite aujourd’hui en partie le gaz russe qui va en Europe (et donc les pépettes associées, soit 2 milliards $ de revenus annuels), mais elle menace aussi sa sécurité. Sécurité parce que la Russie pourrait l’envahir pépouze puisqu’elle ne dépendrait plus de ses infrastructures pour fournir son gaz aux Européens.

Wow, d'accord, continue.
Et il y a un historique. Trois fois déjà, en 2005, 2007, et 2008, lors de conflits liés au gaz entre la Russie et l’Ukraine, des centaines d’usines et des millions de personnes en Europe ont été privées de chauffage quand la Russie a coupé les robinets. Ça + des infrastructures russes par ailleurs vieillissantes, ça interroge sur la fiabilité du gaz russe.

Parce qu'on est vraiment dépendant ?
La Russie, c’est 40% des importations de gaz de l’Union européenne et donc notre 1er fournisseur. Et ça ne devrait pas s’arranger avec la hausse de notre conso et l’épuisement de nos gisements. Côté France, notre 1er fournisseur est la Norvège (36%), puis la Russie (20%), et les Pays-Bas (8%). Donc, oui, on peut dire qu’on est assez dépendant de la Russie. Mais pour les écolos, c’est pas le seul enjeu.

Ah oui, ça pèse écologiquement ?
C’est ça, les écologistes dénoncent le poids carbone du projet. Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project, a fait le calcul : North Stream II, c’est 250 millions de tonnes de CO2 émises par an, soit la moitié des émissions domestiques de la France. Ça interroge quand l’Europe veut être neutre en carbone en 2050.

Quand même ! Et c'est quoi les next steps ?
Maintenant que les travaux sont terminés, la dernière étape avant la mise en service, c’est sa certification par les autorités allemandes. Mais ça peut prendre un moment car l’Allemagne est en pleine négo pour son prochain gouvernement depuis les élections fédérales du week-end dernier. Les écologistes arrivés en 3e position y étant opposés, si at the end, ils font partie du gouv, il se pourrait que l’avenir de North Stream II soit compromis.